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27 juin 2013 4 27 /06 /juin /2013 10:53
L'atelier de mon père

Bonjour amies(is) lectrices(teurs),

Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours vu mon père bricoler. Complètement autodidacte, il touchait à toutes les techniques de travail manuel. Quand je dis "travail", c'est au sens propre, il s'agit bien de travailler, donc de profession manuelle.

Il était capable de faire de la plomberie, de l'électricité, de la peinture, de la maçonnerie et surtout de la mécanique. C'est ce qu'il préférait, et de loin, réparer, améliorer, surveiller sa voiture. S'il avait pu faire des études, je pense qu'il serait devenu ingénieur, mécanicien, metteur au point, n'importe quel métier qui touche de près ou de loin à la mécanique automobile. Tous les métiers, sauf la conduite, si les voitures le passionnaient c'est pour l'aspect mécanique, pas du tout, mais alors pas du tout, pour la partie conduite. Il aurait été un excellent mécanicien mais voilà, sa vie en a décidé autrement.

Quand il a pris sa retraite, il a eu envie de se construire un atelier au fond du jardin car son rêve ( à part la mécanique, c'était la menuiserie, il a d'ailleurs réalisé plusieurs meubles pour ma mère).

Je dis "au fond du jardin" mais faut pas croire que le jardin est immense. Non, c'est juste un jardinet comme il y en a des milliers dans les banlieues des grandes villes.

Je me souviens quand j'étais enfant, il n'y avait rien au fond du jardin, un arbre fruitier trop vieux et qui ne donnait plus de fruits, puis plus tard quand l'arbre a été coupé, un entassement de vieux pots de fleurs vides, de grillages, de planches, tout un capharnaüm d'objets inutiles ou indispensables selon que les dires de mon père ou de ma mère. D'ailleurs nous n'y allions que rarement trainer dans le fond de ce jardin un peu sombre.

Ah, j'oubliais, il y avait aussi la cabane ! Si vous avez connu les jardins des pavillons des années 50 ou 60, vous voyez de quoi je parle. La cabane au fond du jardin, c'était les W.C. Chez nous c'est devenu, une cabane à outils, à engrais, à ficelles, à tout ce qui pouvait servir pour le jardin.

Et puis, mon père a construit son atelier. C'est une petite pièce adossée au mur du voisin avec un toit en pente et une cheminée comme dans les dessins d'enfant. Il manque juste les hirondelles qui volent dans le ciel, parce qu'en ville, il n'y en a pas- des hirondelles.

Je vous parle de cet atelier parce que j'y suis rentrée récemment, et que j'ai reçu un coup dans le cœur. J'ai eu l'impression de pénétrer dans un château abandonné comme dans les films, avec des toiles d'araignées partout, de la poussière, toutes les saletés qui envahissent les endroits délaissés. Et il est abandonné cet atelier. Plus personne n'y va, ni moi, ni mon frère sauf pour récupérer un outil ou sortir la tondeuse une fois par an.

Quand je suis rentrée dans cette pièce, j'ai été saisie par un mélange d'odeurs : poussière, essence, vieux papier, bois, peinture, moisi...

En pénétrant dans ce lieu, j'ai eu l'impression de faire connaissance avec mon père, de le découvrir et en même temps tout était tellement lui. Son désordre, ses improbables rangements, son côté conservateur. J'ai retrouvé dans un tiroir des vieux verrous avec leurs clés qu'il garde au cas où il en aurait besoin

En plus d'être passé à côté de sa vocation de mécanicien, il aurait pu être brocanteur avec cet aspect "je garde ça peut servir". Bricoleur de génie, il gardait des bouts de pièces pour s'en servir, les détourner pour trafiquer ou prolonger un outil ou une machine. Jusqu'à il y a seulement quelques années, nous ne faisions jamais appel à des professionnels (plombier, mécanicien, menuisier...) mon père faisait tout, réparait tout. Je sais rien d'extraordinaire car beaucoup de personnes bricolent mais c'était mon père.

Cet atelier à la fois énervant et attendrissant par son désordre lui correspond si bien. Je suis sortie de là avec du vague à l'âme en me disant qu'il n'y reviendrait plus et que c'était à la fois triste et dommage, et injuste et insupportable.

Je sais ce que vous pensez.

Mais non, mon père est toujours là avec nous, mais sa mémoire tombe en lambeaux et il ne sait plus bricoler. Il oublie, alors il ne vient plus dans l'atelier où il a passé des journées entières sur son établi, à clouer, réparer, rafistoler. L'atelier s'est endormi comme la belle au bois dormant qu'aucun prince ne viendra plus jamais réveiller.

Mais mon père est vivant !

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